Le Harki de Meriem

16,00 

Réédition du deuxième roman de Mehdi Charef qui, bien avant Alice Zeniter, avait abordé frontalement la question des harkis.

« Maman, c’est quoi un har­ki ? »

Accroupie devant le réfrigéra­teur ouvert, Meriem se raid­it brusque­ment, oubliant ce qu’elle cher­chait dans le bac à légumes. Après un long silence et sans se retourn­er, elle dit :

« C’est quelqu’un qui a eu le courage de tout per­dre pour faire vivre sa famille. »

Répudiée par son pre­mier mari parce que réputée infer­tile, Meriem épouse Azze­dine, devenu har­ki ni par con­vic­tion poli­tique, ni par adhé­sion au régime colo­nial français, mais parce qu’il avait faim. Quand l’Indépendance arrive, ils gag­nent la France sur les mêmes bateaux que les pieds-noirs et les colons. Ils y endossent avec leurs enfants le poids de l’exil, le stig­mate de la trahi­son, la mor­sure de l’injustice et le racisme d’un pays qui ne les a jamais envis­agés.

Meh­di Charef, qui a notam­ment pub­lié Le Thé au harem d’Archi Ahmed (1983) et réal­isé onze films, a pub­lié aux édi­tions Hors d’atteinte Rue des Pâquerettes, Vivants, La Cité de mon père et La Lumière de ma mère (2019–2022). Le Har­ki de Meriem, son deux­ième roman, est paru pour la pre­mière fois aux édi­tions Cal­mann-Lévy en 1989.

« Reje­tant tout manichéisme, Meh­di Charef fait d’une fig­ure con­testée du réc­it nation­al algérien — c’est un euphémisme — une autre vic­time de l’in­jus­tice. Cinquante ans plus tard, la société française se débat encore avec ces prob­lé­ma­tiques. » Medi­a­part

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Meh­di Charef, né le 24 octo­bre 1952, a gran­di à Ouled Charef (Beni-Ous­sine) et Magh­nia, en Algérie, jusqu’en 1962, année de son départ pour la France. Il grandit alors dans le bidonville de Nan­terre, en cité de tran­sit puis en HLM. Il tra­vaille comme affû­teur-fraiseur de 1970 à 1983. Il envoie alors un man­u­scrit à Georges Con­chon (notam­ment auteur de L’État sauvage), qui l’aide à pub­li­er son pre­mier livre, Le Thé au harem d’Archi Ahmed, au Mer­cure de France en 1983. Il l’adapte au ciné­ma l’an­née suiv­ante sur le con­seil de Cos­ta-Gavras, qui prend en charge la pro­duc­tion, et obtient de nom­breux prix (Prix Jean-Vigo 1985, César 1986 de la meilleure pre­mière œuvre).

Il pub­lie trois autres romans au Mer­cure de France (Le Har­ki de Meriem, 1989 [réédi­tion Agone, 2016], La Mai­son d’Alexina (1999), À bras le cœur (2006). Il a égale­ment par­ticipé au recueil Une enfance dans la guerre – Algérie 1954–1962 (Bleu autour). Le Thé au harem est paru en anglais chez Sepent’s Tail. Il écrit enfin une pièce de théâtre, 1962, le dernier voy­age, en 2005.

Il réalise égale­ment dix autres films, dont il écrit lui-même le scé­nario : Miss Mona (1986), Camomille (1987), Au pays des Juli­ets (1991, sélec­tion­né à Cannes), Pigeon vole (1995), La Mai­son d’Alexina (1999), Marie-Line (1999, avec Muriel Robin nom­inée pour le César de la meilleure actrice), La Fille de Kel­toum (2001), Car­touch­es gaulois­es (2007), Les Enfants invis­i­bles, « Tan­za » (2008, col­lec­tif au prof­it de l’Unicef, avec notam­ment Spike Lee, Rid­ley Scott, John Woo et Emir Kus­turi­ca), Gra­ziel­la (2015, avec Denis Lavant, Rossy de Pal­ma et Claire Nebout).

Pho­to © Maya Mihin­dou

Mehdi Charef

En savoir plus

« La force du récit réside dans sa complexité et son rejet du manichéisme. L’autre réussite de Mehdi Charef est de faire d'une figure contestée du récit national algérien – c'est un euphémisme – une autre victime de l'injustice. Cinquante plus tard, le temps semble avoir figé ces problématiques : la société française se débat encore avec elles. » Mediapart

« Roman de la mémoire brisée et de la cicatrice. » Hommes et migrations

« Datant de presque 30 ans, ce texte demeure spectaculaire avec sa simplicité orchestrée, montrant dans sa crudité aussi bien ce racisme ordinaire et viscéral – hors de tout contexte religieux – qu’il est toujours de meilleur ton ces temps-ci de minimiser. » Librairie Charybde

Le point de départ de ce livre est une scène que Mehdi Charef a vécue à 11 ans, dans la cité de transit où il vivait avec sa famille à Nanterre. Un matin, avant de partir à l’école, il découvre la porte de la baraque d’en face maculée d’un grand « H » peint en rouge. L’homme qui y avait emménagé la veille avec sa femme et ses enfants, identifié comme « harki », est contraint de plier bagages le jour même.

« On ne les aimait pas, les harkis, car les Français tuaient les nôtres et parmi eux il y avait des harkis », raconte Mehdi Charef. Il poursuit : « C’est le seul livre que ma famille n’a pas voulu lire jusqu’à aujourd’hui. C’est difficile car on pense à son frère, à ses sœurs, à son père, on pense à la communauté algérienne. Mais, moi, je n’oublierai jamais l’humiliation qu’ont subie ce père, sa femme et leurs deux enfants. »

En 1959, dans le village de Ben-Essedik, dans l’ouest de l’Algérie, Azzedine est si pauvre qu’il lui est même impossible d’imaginer un avenir. Pour pouvoir manger et espérer fonder une famille, il s’engage aux côtés des 400 000 Algériens soldats de l’armée française. Ne pensant ni à la politique, ni à la possibilité que l’Algérie obtienne son indépendance, ni à l’obligation qu’il aura de tirer sur les siens, il endosse la figure du traître.

En 1962, en même temps que les pieds-noirs et les colons, Azzedine et Meriem, sa femme, répudiée par un autre parce que considérée comme infertile, quittent l’Algérie pour la France. À Rouen, il s’échine à devenir un employé modèle dans la compagnie de bus qui l’emploie. Leurs deux enfants, Sélim et Saliha, sont marqués du même sceau que lui ; en 1989, Sélim est victime d’un crime raciste.
Tout ce temps, Meriem aura endossé le poids de l’exil, le stigmate de l’ennemi, la morsure de l’injustice.

Livre numérique

Le livre est disponible en version numérique sur le site Les Libraires.

Rencontres

Il n’y a pas d’évènement à venir.

Événements passés

Mehdi Charef sera à la médiathèque de Saint-Étienne

Date : 6 juin 2024
Heure : 18h30
Lieu: Médiathèque Saint-Étienne
Le Harki de Meriem | Livres

Meh­di Charef sera à la médiathèque de Saint-Éti­enne, le 6 juin à 18 h 30.

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