Patriartech

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Comment l’industrie qui régit le plus nos vies fait régner en maître le patriarcat.

Des réseaux soci­aux aux voix féminines de nos assis­tants per­son­nels, il n’y a rien de neu­tre dans la tech. S’y allient les out­ils les plus invasifs de nos vies privées et une oppres­sion struc­turée depuis des siè­cles pour servir la dom­i­na­tion d’un tout petit groupe. Une classe de mil­liar­daires s’en sert pour mod­el­er la société à son image : dis­crim­i­na­toire sous cou­vert d’u­ni­ver­sal­ité, indi­vid­u­al­iste sous cou­vert de phil­an­thropie, révéla­trice de l’es­souf­fle­ment du néolibéral­isme. Pour anticiper leurs prochains mou­ve­ments, il est essen­tiel de saisir l’his­toire de la tech dans toute sa diver­sité et les enjeux qui fondent son actu­al­ité.

Si, dans la tech peut-être encore plus qu’ailleurs, on ne cesse de glo­ri­fi­er des hommes seuls présen­tés comme des génies, nous devons ces inven­tions, comme tous les pro­grès sci­en­tifiques, à des col­lec­tifs dont la plu­part étaient mixtes. Réparant cette injus­tice, ce livre mon­tre com­bi­en la tech repro­duit, ampli­fie, ali­mente et légitime le sys­tème patri­ar­cal.

Aujour­d’hui pro­fesseure agrégée en civil­i­sa­tion améri­caine à l’u­ni­ver­sité de Bre­tagne Sud, Mar­i­on Olha­ran Lagan a dirigé les équipes qui ont conçu les per­son­nal­ités française, ital­i­enne et espag­nole d’Alexa, l’as­sis­tant per­son­nel d’A­ma­zon. Patri­artech est son pre­mier essai pub­lié.

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Aujourd’hui pro­fesseure agrégée en civil­i­sa­tion améri­caine à l’université de Bre­tagne Sud, Mar­i­on Olha­ran Lagan tra­vaille notam­ment sur la fig­ure de l’arnaqueuse et ses représen­ta­tions fic­tion­nelles ; les per­for­mances gen­rées du rêve améri­cain et l’économie de l’arnaque, notam­ment dans sa dimen­sion numérique.

Dans une vie précé­dente, elle a dirigé les équipes qui ont conçu les per­son­nal­ités française, ital­i­enne et espag­nole d’Alexa, l’assistant per­son­nel d’Amazon. Issue de la généra­tion des Mil­lenials, elle a con­nu l’avant Inter­net et réseaux soci­aux.

Marion Olharan Lagan

En savoir plus

Le secteur économique qu’on appelle « la tech », de l’anglais technology, a transformé en profondeur nombre d’entreprises majeures. En Occident, les Gamam (Google, Apple, Meta, Amazon, Microsoft) sont ainsi devenues des sortes de sociétés-nations, qui vont jusqu’à développer leur propre système de santé.

La tech recouvre le matériel informatique, ou hardware, mais aussi, à travers les « nouvelles technologies », tous les objets qui en sont issus, comme les smartphones. Elle concerne aussi des choses intangibles, qu’on appelle software – services informatiques, logiciels, plateformes, technologies bluetooth ou GPS… La neurotechnologie, utilisée dans les greffes, les implants et la PMA ? C’est encore elle.

Aussi innovante qu’elle soit, la tech n’échappe pourtant pas plus que le reste du monde au système patriarcal. La façon dont sont orientées les ressources financières, qui détermine quelles recherches sont entreprises, donc quels progrès sont effectués, est entièrement organisée par des hommes blancs qui dirigent des gouvernements et des entreprises – et reflètent leurs préoccupations, comme le domaine militaire.

Aujourd’hui, tous les barons de la tech sont des hommes : Jeff Bezos (Amazon, Blue Origin), Elon Musk (Tesla, Space X, X), Marl Zuckerberg (Meta), Sundar Pichai (Google)…

Plus largement, nombre d’entre eux ne se sentent pas concernés par les lois morales, voire les lois tout court. Ils n’obéissent pas aux législations des pays où ils opèrent et ne rêvent que de course aux étoiles. Par ailleurs, de l’implication de Facebook dans les élections américaines et mondiales aux impôts d’Elon Musk, on observe les difficultés rencontrées par les gouvernements à légiférer sur une industrie qu’ils ne comprennent pas.

Pourtant, la tech doit beaucoup à des femmes et à de nombreuses personnes minorisées, invisibilisées. C’est ainsi une jeune femme, Ada Lovelace, qui a eu l’intuition mathématique de « la science poétique », ou informatique, et est considérée comme la toute première programmeuse. C’est un homme gay, Alan Turing, qui a œuvré aux fondations scientifiques de l’informatique – avec l’aide de très nombreuses femmes, surnommées les « casseuses de code de Bletchley Park ». Henrietta Swan Leavitt est quant à elle à l’origine de la loi de Leavitt, qui a permis de mesurer la distance des galaxies en étudiant la luminosité des étoiles.

De même, de brillantes mathématiciennes noires états-uniennes ont participé à l’expansion de l’industrie aéronautique puis à la conquête de l’espace. Les anonymes dont l’histoire n’a même pas retenu l’identité sont légion : c’est le cas des « calculatrices d’Harvard », des femmes engagées par Edward Charles Pickering, directeur de l’Observatoire de l’université de Harvard de 1877 à 1919 pour traiter des informations astronomiques afin de cartographier le ciel – également élégamment surnommées « le harem de Pickering ».

De fait, c’est quand la programmation devient lucrative, soit dès les années 1970, que des diplômes d’informatique se créent et que les autodidactes sont écartées. Devenue rentable et stratégique, la profession se masculinise. À la fin des années 1980, les femmes représentaient 38 % de la force de travail en informatique aux États-Unis ; en 2005, alors que le nombre de femmes augmente dans les autres professions scientifiques, elles étaient 29 %. Elles ne s’en sont pas détournées : elles en ont été exclues.

Bien sûr, elles sont aussi évincées de l’histoire. La Wikimédia fondation indique qu’elle comptait 15 % de contributrices en 2023 ; moins de 20 % des biographies concernent des femmes et peu d’entre elles sont reliées à des articles transversaux concernant l’histoire. Dans une injustice épistémique, leur action est rendue invisible, oubliée.

Livre numérique

Le livre est disponible en version numérique sur le site Les Libraires.

Rencontres

Il n’y a pas d’évènement à venir.

Événements passés

Marion Olharan Lagan sera à la librairie À la ligne

Date : 17 mai 2024
Heure : 19h00
Patriartech | Région | Région Bretagne

Mar­i­on Olha­ran Lagan sera à la librairie À la ligne à Lori­ent le 17 mai à 19 h pour le lance­ment de son essai, Patri­artech. Les Nou­velles Tech­nolo­gies au ser­vice du vieux monde.

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